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Rédigéede manière claire et accessible, la fiche de lecture propose d’abord un résumé chapitre par chapitre du roman, puis s’intéresse tout particulièrement à Jean et à sa mère, qui entretiennent une relation haineuse. On étudie ensuite la dimension autobiographique de l’œuvre, ainsi que sa portée initiatique, avant d’aborder la critique formulée par Mauriac à l 21 Vipère au poing 20 2.1.1 Introduction du roman « Vipère au poing » 20 2.1.2 Résumé du roman Vipère au poing 21 2.1.3 Personnages principaux 23 2.2 « Lève-toi et marche ! » 28 2.3 « Qui j'ose aimer » 29 3 Hervé Bazin dans le contexte iuUsuq. Fiche de lecture sur vipère au poing Delphine Leloup Téléchargement immédiat Format ePub Sans DRM Résumé Tout ce qu'il faut savoir sur Vipère au poing d'Hervé Bazin ! Retrouvez l'essentiel de l'?uvre dans une fiche de lecture complète et détaillée, avec un résumé, une étude des personnages, des clés de lecture et des pistes de de manière claire et accessible, la fiche de lecture propose d'abord un résumé chapitre par chapitre du roman, puis s'intéresse tout particulièrement à Jean et à sa mère, qui entretiennent une relation haineuse. On étudie ensuite la dimension autobiographique de l'?uvre, ainsi que sa portée initiatique, avant d'aborder la critique formulée par Mauriac à l'encontre de la famille bourgeoise. Enfin, les pistes de réflexion, sous forme de questions, vous permettront d'aller plus loin dans votre étude. Une analyse littéraire de référence pour mieux lire et comprendre le livre ! Caractéristiques techniques NUMERIQUE Éditeurs Lemaitre Publishing Auteurs Delphine Leloup Parution 31/08/2011 Nb. de pages 13 Contenu ePub EAN13 9782806222411 Avantages Livraison à partir de 0,01 € en France métropolitaine Paiement en ligne SÉCURISÉ Livraison dans le monde Retour sous 15 jours + d'un million et demi de livres disponibles Résumé Caractéristiques techniques Nos clients ont également acheté Chacun trouve sa source Dans les eaux de sa mère Et ce baptême-là, S’il manque de chaleur, Glace pour l’éternité. » 1 À l’origine de mon questionnement et de ma réflexion actuelle, un intérêt pour la littérature, particulièrement pour les récits autobiographiques évoquant des traumatismes subis. Une longue pratique professionnelle auprès d’adolescents en difficulté principalement des filles confirma ce qui n’était encore qu’une intuition empirique leur récit ici, des journaux intimes facilitait activement une mise au dehors » du traumatisme subi, inceste ou viol. Serait-il alors possible d’utiliser les techniques narratives comme médiateurs dans une perspective de soins ? Faciliteraient-elles l’accès à la résilience ? 2 Par ailleurs, un travail universitaire me fit réfléchir aux différents procédés d’écriture mis en œuvre dans l’évocation de récits traumatiques ces mêmes procédés pouvant être mis en relation et refléter le style d’attachement du narrateur attachement sécure ou insécure. Dans un souci de clarté, redéfinissons brièvement quelques mots-clés souvent cités dans notre exposé 3 la résilience, terme venu de l’anglais resilient, est une caractéristique mécanique désignant la capacité d’un métal à rebondir sous des chocs. Transposée à l’être humain, il s’agirait de la capacité à reprendre une vie positive malgré la blessure subie, sans se fixer et s’arrêter sur cette blessure. La résilience est donc le maintien d’un processus normal de développement malgré des conditions difficiles » Guédeney, 1999, p. 13-26. Ce terme est devenu une façon de parler de l’aspect dynamique du traumatisme […] il montre la dynamique positive qu’il contient » Marty, 2001, p. 6. Cyrulnik a popularisé ce concept utilisé pour la première fois en 1989 par la psychologue Emma Werner dans une étude sur sept cents bébés, il précise que la résilience ne relève pas seulement du sujet traumatisé, mais que l’environnement, le contexte, les relations, les rencontres tuteur de résilience » joueront un rôle fondamental. Ce sont ces rencontres décisives qui permettront au sujet blessé de tisser sa résilience. Car il n’est pas possible d’être résilient tout seul, tout dépend de la qualité des liens établis par le sujet enfant bien avant l’événement traumatique ; cela nous amène à la théorie de l’attachement ; l’attachement est le lien particulier unissant l’enfant à la figure maternelle ou toute autre personne importante pour lui. L’origine de l’attachement, que l’on croyait jusqu’alors le fait d’un apprentissage, serait l’effet d’un besoin social primaire essentiel à la survie de l’être humain. Les travaux de Bowlby, Spitz, Harlow, Ainsworth notamment démontrent que les liens d’affection ne sont pas greffés sur la satisfaction du besoin de nourriture, mais qu’il s’agirait d’une tendance originelle et permanente à rechercher la relation à autrui. Dès sa petite enfance, le bébé développe un modèle d’attachement particulier en fonction de l’attitude maternelle à son égard et ce lien, en devenant intériorisé, servirait ultérieurement de modèle à toutes les relations intimes et sociales de l’individu ; quant au traumatisme, il existe bien sûr dans le réel mais il s’agit aussi d’une épreuve psychique intense. Selon Laplanche et Pontalis, c’est un événement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque dans l’organisation psychique » Laplanche et Pontalis, 1967, p. 499. Ce traumatisme, qu’il soit décliné en deux temps ou qu’il se focalise sur la seule réalité de l’événement actuel, mobilise et fait appel aux ressources propres à chacun pour l’intégrer, le mettre à distance, l’élaborer, rester sous le choc ou en subir les effets à répétition […] La réalité de son expression est unanimement décrite et éprouvée comme un excès excès de stimulation, excès d’image, de son, excès ou absence de représentation, de sens, excès d’angoisse, débordement des capacités de contenance, défaut ou carence de protection, mécanismes de défense insuffisants, paralysie de la fonction de liaison, effraction du pare-excitations » Marty, 2001, p. 2. La narration pour se dégager du traumatisme ? 4 La première question que pose un texte est celle de son enjeu et la réponse possible est fonction du niveau d’analyse, du lieu de questionnement où l’on choisit de se situer » Gelas, 2002. Quel pourrait être le sens d’un texte ayant pour thème la maltraitance et où l’on devine l’auteur derrière le narrateur ? Notre hypothèse est que l’élaboration d’un récit narratif autobiographique aurait une vertu thérapeutique ; il s’agirait, par un processus d’autoconstruction, d’accéder à nos émotions personnelles. Cette étape fondamentale franchie, une métamorphose possible du traumatisme à travers la parole et l’écrit pourrait être envisagée. Ici, le processus de sublimation s’exercera au travers du témoignage. Ce processus, pouvant aboutir à une possible résilience, est à l’œuvre dans nombre de journaux intimes, témoignages concentrationnaires, apports de traumatismes personnels en atelier d’ écriture thérapeutique ». Les récits de J. Semprun, P. Levi, J. Renard, H. Bazin, A. Frank sont à ce sujet exemplaires. 5 Mettre hors de soi l’indicible permettrait une libération intérieure. Encore faut-il pouvoir le faire, car se dire et pouvoir écrire l’inexprimable impose le passage obligé de la reconnaissance de nos émotions. Certains, pour qui l’accès aux émotions ne sera pas possible, développeront des conflits intrapsychiques divers, un même événement réel peut avoir des répercussions différentes sur deux individus, dans la mesure où il fait appel à la subjectivité, au fond d’expérience subjective de chacun pour obtenir son statut d’événement » Marty, 2001, p. 9. 6 Bowlby l’avait déjà illustré avec le concept d’ exclusion défensive » 1969. Il postulait l’existence d’une corrélation entre les mauvais traitements subis pendant l’enfance et la difficulté ultérieure d’accès aux émotions. Les sujets étudiés étaient en effet en grande difficulté, voire dans l’impossibilité d’accéder aux émotions, qu’il s’agisse des leurs ou de celles d’autrui. Ils auraient besoin pour se protéger d’exclure de leur narratif autobiographique les émotions négatives éprouvées durant l’enfance. Selon Bowlby, cette attitude était souvent associée à une confiance en soi compulsive » venant contrebalancer l’impact négatif initial. Dans le cadre de la théorie de l’attachement, ces sujets montreraient une représentation de celui-ci de type insécure détaché » – leur système défensif imposant cette distance, cet apparent désengagement, dans un mouvement visant la protection de leur intégrité psychique. 7 Ainsi, soutenant l’hypothèse que le narratif autobiographique est thérapeutique en tant que support possible des émotions, qu’il peut être abordé comme un objet médiateur favorisant la résilience, il serait salutaire pour les sujets ayant subi de lourds traumatismes de tenter de les écrire. Cependant, un tel colmatage » psychique ne signifie pas guérison, mais entre dans un processus qui cicatrise la blessure – celle-ci pouvant s’ouvrir à nouveau à l’occasion d’un autre événement, la réparation stricto sensu n’existe pas. Exemples cliniques en littérature 8 L’étude de la maltraitance quotidienne presque ordinaire » présente un intérêt clinique certain sous la plume d’un grand écrivain comme Hervé Bazin. Comment rend-il compte d’événements traumatisants la maltraitance dans ses écrits ? Notre propos sera de tenter d’étudier les différents procédés servant cet objectif dans son récit emblématique Vipère au poing. Véritable réquisitoire contre la famille et sa violence, le livre fut écrit en 1947 en trois mois dans un état de féroce allégresse […] Vous le savez, je n’ai pas eu de mère, je n’ai eu qu’une Folcoche… Je n’ai pas eu de véritable famille et la haine a été pour moi ce que l’amour est pour d’autres » Lamy, 1992, p. 101 et 107. Nous savons que l’écrivain délivre une part autobiographique dans son œuvre La littérature porte aussi du non-conscient, elle ne nous parle pas seulement des autres mais de l’autre en nous » Bellemin-Noël, 1970, p. 17. 9 Un autre écrivain, Jules Renard, a transposé son calvaire d’enfant maltraité dans un roman devenu célèbre, Poil de Carotte 1894. Ce livre fut vivement critiqué à sa sortie, car le sujet auquel il s’attaquait était tabou à l’époque l’amour maternel. Poil de Carotte est un récit autobiographique qui ne s’avoue pas, Renard ne déclarant jamais clairement qu’il évoque son enfance alors que tout le laisse penser. L’auteur s’écrit avant tout à lui-même, il est son premier lecteur et destinataire. À la lecture du Journal de Renard 1887-1910, certains passages laissent penser qu’il fut indifférent à l’accueil littéraire » de son ouvrage bien qu’ayant toujours cherché une reconnaissance à cet égard, l’important pour lui en écrivant Poil de Carotte était avant tout d’être cru. En ce sens, témoigner fut thérapeutique… un certain temps, car l’auteur tenta plus tard de se suicider. Quinze ans avant sa mort, il écrivait J’ai mis trop de ma vie dans mes livres, je ne suis plus qu’un os rongé… » 10 Le Journal d’Anne Frank publié en 1947 connut un immense succès posthume l’adolescente, bien qu’enfermée et vivant dans des conditions dramatiques, a su délivrer dans ses lignes son humour, sa gaieté et nous avons espéré avec elle à chaque page sa délivrance. Le recours au récit de soi dans un but thérapeutique est ici évident, il permit peut-être à la jeune fille d’endurer moins douloureusement sa captivité et de mettre en sens la cruelle absurdité de ce qu’elle vivait. 11 L’ouvrage de Primo Levi Si c’est un homme 1947 illustre bien entendu la nécessité du devoir de mémoire en livrant un témoignage historique, mais il s’agit aussi d’un récit pour soi, d’une tentative de survie. Levi tente de trouver un sens, une normalité à l’horreur racontée, en procédant dans son écriture à une simplification. Le travail intellectuel mis à l’œuvre procède d’une logique binaire le Lager est un laboratoire au service d’un délire idéologique, à l’intérieur y cohabitent des bourreaux et des victimes. En objectivant ainsi son propos, l’auteur permet la mise en récit de faits insoutenables pour le lecteur mais aussi pour lui-même, narrateur survivant à cette violence organisée. Sinon, comment imaginer possible l’existence de tels actes ? Car ils sont justement impensables. Utilité d’écrire sa maltraitance ? 12 Comment ne pas tenir compte du lien invisible s’établissant entre l’histoire individuelle du sujet qui parle, qui écrit sur la maltraitance, et celle du sujet lecteur ? Le récit autobiographique s’adresse à quelqu’un, s’agit-il de soi-même ? De soi dans l’autre ? Des protagonistes du récit ? La réponse est hasardeuse mais il est clair que quelque chose de l’ordre d’un message est envoyé au lecteur et destiné à l’autre ». La lecture du récit va susciter une rencontre qui fait sens et c’est ce point de rencontre empathique, cette présence de sujet à sujet, qui permettra une fonction symbolisante, mais aussi une fonction adaptative nécessaire à la tentative de prise en charge par le narrateur du trauma subi. 13 Par le travail du récit, l’écriture est un travail de résilience possible, elle serait ici à entendre comme un étayage permettant une reprise évolutive positive et la possibilité de faire face. Le narrateur interpelle aussi le lecteur destinataire car il a besoin d’être cru, il lui assigne ici une fonction de témoin. L’écriture m’a sauvé d’une jeunesse désastreuse, elle m’a permis de réfuter quelques jugements hâtifs portés sur moi le mien compris. Elle est ce qu’elle est, orientée moins vers le discours que vers le recours à l’autre, vers le partage de problèmes communs » Bazin cité par Lamy, 1992, p. 173. Le récit oral ou écrit met l’expérience traumatique et la douleur psychique qui lui est associée à l’épreuve de l’altérité et de l’échange. Cette mise en récit est utile pour passer d’une reviviscence répétitive vide » à une représentation, une figurabilité du traumatisme. 14 La résilience est un processus qui ne fonctionne pas obligatoirement en continu, Bazin par exemple va traverser une période de sa vie où il semble sombrer, mais l’écriture lui permettra l’expérience de la narrativité, la tenue d’une sorte de journal de vie. Écrire sera pour lui une libération, une catharsis et lui permettra d’accéder à une reconnaissance sociale et identitaire qui l’aidera à dépasser ses souvenirs douloureux. Sa mère aura même ce compliment haineux Le raté, il a fini par réussir » Lamy, 1992, p. 67. Car au trauma subi dans le réel ici le désamour maternel s’ajoute et succède le traumatisme de la représentation du réel de cette maltraitance avoir été un enfant non désiré et battu. 15 Il est possible que Bazin n’ait pas cherché dans l’écriture à se réparer, mais au moins, et finalement surtout, à revendiquer son droit à une identité sociale, à trouver un repère identitaire pouvant être l’équivalent d’une reconnaissance symbolique de son ses lien s affectif s. Car dans l’héritage négatif de la maltraitance intrafamiliale nous retrouvons toujours la disqualification du sujet, source de faille narcissique profonde. Dans Vipère au poing, cette disqualification s’illustre notamment par les sobriquets ridicules Brasse-Bouillon, Chiffe, Crapette dont sont affublés les enfants. Ces surnoms méprisants tout comme Poil de Carotte » chez Renard les réduisent à une enveloppe, à un paraître. Bazin a probablement trouvé une dignité » en devenant un écrivain reconnu et célèbre. Car c’est aussi par la littérature que l’on prend conscience de son humanité, que l’on peut s’interroger sur son histoire, son fonctionnement social et mental. 16 Cyrulnik 2004 décrit le récit comme un anti-brouillard, […] tant que le trauma n’a pas de sens, on reste sidéré, hébété, stupide, embrouillé par un tourbillon d’informations contraires qui nous rendent incapables de décider. Mais, puisque l’on est obligé de donner un sens aux faits et aux objets qui nous “parlent” nous avons un moyen d’éclairer le brouillard provoqué par le traumatisme le récit. Dans ce cas, la narration devient un travail de sens. Mais toute histoire n’est pas socialisable, il faut l’adapter à l’autre qui a du mal à l’entendre. La métamorphose de l’événement en récit se fait par une double opération placer les événements hors de soi et les situer dans le temps. L’auditeur doit être là et se taire. Pour les blessés de l’âme, la narration est un acte qui donne le sentiment que les “événements” semblent se raconter eux-mêmes » Marin cité par Cyrulnik, 2004, p. 42. Ainsi, lentement, par ce travail le récit extrait l’événement traumatique hors de soi. 17 Delage va dans le même sens quand il écrit que, par l’activité narrative en littérature, l’homme est différent de l’animal par la capacité à produire des idées et à raconter des histoires. Mettre l’expérience vécue en mots, faire part des émotions ressenties, témoigne d’une activité de penser en même temps qu’elle soutient cette activité. L’activité narrative peut être comparée à un travail de raccommodage, au sens littéral du terme, comme on raccommode un tissu troué » Delage, 2008, p. 211. Vipère au poing , l’écrit d’une maltraitance 18 Sous une description quasi naturaliste de sa campagne d’enfance et des mœurs de l’époque, Bazin livre une pensée très fine et critique, conférant ainsi au roman une dimension d’étude psychologique d’un fonctionnement intrafamilial maltraitant. Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, est le double de Bazin. Il fut confié ainsi que ses deux frères à la grand-mère paternelle car leur mère était incapable de les prendre en charge. 19 Le roman débute par la strangulation d’une vipère qu’a trouvée Jean les parents sont encore en Chine. Dans ce face à face avec le reptile dont l’enfant sortira vainqueur, Jean prend conscience de sa force. Le décès de la grand-mère oblige les parents à rentrer en France, les garçons Rezeau sont impatients, ils ne les ont pas revus depuis des années et dès la sortie du train veulent embrasser leur mère, mais celle-ci les gifle, voulant descendre tranquillement. L’écrivain déclarera La première image que j’ai de ma mère c’est à son retour de Chine, elle avait suivi mon père. À cette époque, j’avais 11 ans. En fait, je ne l’avais jamais vue. C’était une étrangère absolue » Lamy, 1992, p. 24. Concernant sa grand-mère il ajoute Elle a joué le rôle de ma mère, c’est ainsi que j’ai ressenti et que je ressens toujours sa disparition » Lamy, 1992, p. 28. Dès son arrivée la mère prend le contrôle de la famille et impose des règles draconiennes. À la maltraitance psychologique s’ajoutent des maltraitances physiques. Ces brimades, ces privations, ces humiliations se déroulent sous l’œil du père qui pourtant préfère ne rien voir afin d’éviter le conflit avec sa femme dont il a peur et qu’il ménage, car elle a apporté l’argent dans le couple par sa dot. Le père se dérobe la plupart du temps et cautionne par son silence les maltraitances de son épouse. 20 Toute cette partie du récit aborde les aspects psychologiques inhérents à la maltraitance intrafamiliale et les préalables à la mise en place du contrôle de la relation, à la lutte de pouvoir entre les membres de la famille. Tant que les enfants sont petits, la mère omnipotente abuse de sa force. Quand ses enfants prendront progressivement leur autonomie, retrouver une domination absolue deviendra l’enjeu primordial pour Folcoche. Les enfants, pour cette anti-mère, ne sont que des choses soumises à son bon vouloir, à ses exigences cruelles. Brasse-Bouillon ne se décrit pas comme un enfant martyr ; dès l’instant où sa mère révèle sa haine, la même haine l’occupe en retour et il développe alors une combativité qui l’aidera, faute d’alternative, à supporter cette enfance terrible. 21 Le roman est un huis clos, huis clos du lieu isolé et huis clos psychique entre une mère indigne et ses enfants martyrisés, un père démissionnaire et des précepteurs changeants, en fait un entourage incapable de protéger et de défendre des enfants. Le père constate un jour les bleus sur le visage de son fils, ne dit rien mais lui adresse un sourire ému », Jean alors le méprise pour sa faiblesse. Durant l’hospitalisation de la mère, la vie familiale est plus agréable, la relation avec le père se transforme. Cependant, Brasse-Bouillon prend conscience qu’il est habitué à la haine de sa mère, elle lui manque. Non pas en tant qu’être humain, mais parce qu’elle donne du sens à son quotidien ; il croit aimer cette guerre constante, cette haine apprise. À son retour, Folcoche constate que les enfants s’opposent à sa tyrannie, elle change alors de stratégie, sème la zizanie dans la fratrie, bouscule volontairement Jean pour l’obliger à s’excuser. Les garçons, excédés, décident de la tuer mais échouent à deux reprises. Jean déjoue tous ses plans d’attaque, il n’a plus peur d’elle. Il peut alors négocier son départ en pension avec ses frères, Folcoche est obligée d’accepter, Jean a étranglé la vipère. Qu’est devenu Brasse-Bouillon ? 22 Quel genre d’homme peut naître d’une enfance aussi désastreuse ? 23 Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai […] J’entre à peine dans la vie et grâce à toi, je ne crois plus en rien, ni en personne… L’homme doit vivre seul, aimer c’est s’abdiquer. Haïr c’est s’affirmer […] Je suis, je vis, j’attaque, je détruis » Bazin, 1972 [1948], p. 185. Bazin fut nourri de haine et abordera l’âge adulte meurtri par son enfance. Mais il réussit dans son livre, cri de révolte, à se venger de Folcoche. Sa haine sera l’un des moteurs de sa résilience ; dans un monologue intérieur il s’adresse ce message prédictif d’espoir Tu n’es pas ce que tu veux, mais tu seras ce que tu voudras » Bazin, 1972 [1948], p. 154. 24 Aimer ne fut pas simple pour Brasse-Bouillon ; devenu adolescent, il doit lutter avec ce qu’il appelle sa nouvelle vipère », c’est-à-dire son désir des femmes. Sa première victime sera Madeleine, qu’il séduira et abandonnera Je ne veux plus l’entendre murmurer comme elle l’a fait en me quittant, presque tendre… ça, non, je ne le supporterai pas d’elle, ni d’une autre ! » ibid., p. 170. Et, s’adressant intérieurement à sa mère Tu n’es qu’une femme, et toutes les femmes paieront plus ou moins pour toi. J’exagère ? Écoute… L’homme qui souille une femme souille toujours un peu sa mère. On ne crache pas seulement avec la bouche » ibid., p. 168. Il faudra du temps, beaucoup de rencontres, beaucoup d’amour, pour que Bazin s’apaise, quitte cette vengeance froide, et peut-être pardonne ? 25 Malgré cette enfance désastreuse, Brasse-Bouillon a probablement bénéficié de ce qu’Angelino appelle une greffe humanisante » 1997 en la personne de la grand-mère paternelle. Cette dernière permit des identifications positives. Une famille où subsistent des personnes ressources est un atout majeur quand l’environnement est gravement carencé. Cette greffe humanisante se rapproche du tuteur de résilience » de Cyrulnik. La prédiction négative encore trop souvent entendue enfant maltraité = futur parent maltraitant ne se retrouve pas chez Bazin. Tout au plus peut-on faire l’hypothèse d’ailleurs hasardeuse d’une certaine difficulté affective au regard de ses quelques expériences conjugales quatre mariages ? Pourrait-il s’agir de tentatives de réparation ? En effet, comme l’explique Miljkovitch 2009, les attachements de l’enfance, les liens qui se sont tissés au contact des parents influencent et orientent, souvent de façon durable, la vie du couple. Dans le cas d’attachement insécure justement, il subsiste des attentes infantiles impérieuses qui, ne pouvant être satisfaites, peuvent faire péricliter le couple. Il faut souligner ici l’importance de l’amour dans le processus de réparation ; la possibilité de partager une expérience subjective à travers le regard de l’autre est d’un grand secours. Cette résonance émotionnelle, ce partage d’une expérience qui rapproche, n’est pas sans rappeler la notion d’ accrochage » affectif de Stern. 26 Bazin livrera dans des entretiens quelques considérations sur l’amour. Trouver une femme à sa pointure, est-ce difficile ? C’est que, justement, il s’agit moins de pointure que de jointure la communauté de goûts, d’idées, de milieu, d’ambitions joue de moins en moins, désormais, dans nos unions où la raison est de plus en plus arraisonnée par l’Amour, grand A, dont on sait qu’il devient très vite petit a et même a privatif, si l’on en juge à la fréquence des séparations. J’étonnerais beaucoup le jeune homme que j’ai été en lui avouant qu’il est aussi difficile de vivre sans passion que d’éviter qu’elles passent » Lamy, 1992, p. 49. L’amour c’est un vieux mais juste cliché a la fragilité du verre et les gens brusques, comme moi, ne sont jamais à l’abri de la casse. Je regrette de dire, mais rien n’est assuré dans la vie, à commencer par la vie elle-même, celle d’autrui dans la nôtre l’est encore moins » ibid., p. 48. Et au sujet du divorce Moi j’ai fait la même chose, pour me fournir cette impression de renouvellement que les psychanalystes taxeraient sans doute d’instabilité chronique » ibid., p. 84. Commentaire, analyse du narratif 27 Sans prétendre se livrer ici à une analyse littéraire de l’écriture de la violence », il est intéressant de considérer le style utilisé dans le récit et la façon dont l’écrivain va traiter » son traumatisme. Vipère au poing nous touche profondément car il interpelle le lecteur et l’oblige à un questionnement. Les actes de maltraitance sont décrits de façon très détaillée ; l’auteur, en relatant la cruauté du comportement de Folcoche, lui attribue une intention, peut-être dans le but de donner un sens, une explication susceptible d’expliquer la rage de cette mère. Elle ne nous battait jamais sans nous en donner les motifs. Elle réglait ses comptes » Bazin, 1972 [1948], p. 47. Affirmer son autorité chaque jour par une nouvelle vexation devint la seule joie de Mme Rezeau. Elle sut nous tenir en haleine, nous observer, remarquer et détruire nos moindres plaisirs » ibid., p. 35. Un an après la prise du pouvoir par notre mère, nous n’avions plus aucune foi dans la justice des nôtres. Grand-mère, la gouvernante avaient pu nous paraître dures quelquefois, mais injustes jamais… Les enfants ne réfléchissent que comme les miroirs il leur faut le tain du respect » ibid., p. 39. 28 L’écriture est incisive, directe, toujours formulée dans un style châtié ; même si dans le roman c’est un enfant qui parle, à la lecture c’est désormais bien un homme qui écrit. Les verbes conjugués tantôt au présent, au passé, au futur donnent la sensation au lecteur de ne plus savoir qui s’adresse à lui. Je me souviens, je me souviendrai toute ma vie, Folcoche […] Vengeance ! Vengeance ! Il n’y a plus qu’un seul verbe qui compte ici, et nous le déclinons correctement à tous les temps. Je te hais, tu me hais, il la haïssait, nous nous haïrons, vous vous étiez haïs, ils se haïrent ! » ibid., p. 52. 29 Le décor du récit est bien planté, très visuel, la présentation en tableaux successifs lieu, personnages, action, récit tragi-comique montant en intensité dramatique, sortie des personnages évoque le théâtre et permet ainsi au lecteur des mouvements identificatoires multiples. Et nous voici réunis, tous les cinq, réunis afin de jouer le premier épisode de ce film à prétentions tragiques, qui pourrait s’intituler “Atrides en gilet de flanelle”. […] Nous cinq et quelques figurants, rapidement éliminés, en général par le manque d’oxygène sentimental qui rendait irrespirable pour les étrangers l’atmosphère de notre clan. Campons les personnages… » Bazin, 1972 [1948], p. 23. Folcoche avec ses grandes oreilles, ses cheveux secs, sa bouche serrée et ce bas de visage agressif qui faisait dire à Frédie “Dès qu’elle ouvre la bouche, j’ai l’impression de recevoir un coup de pied au cul. Ce n’est pas étonnant avec ce menton en galoche” » ibid., p. 24. Le ton employé est très souvent ironique, dans un procédé défensif de mise à distance et pour permettre au lecteur et au narrateur de supporter la férocité des agissements maternels. Notre mère, qui avait raté sa vocation de surveillante pour centrale de femmes… » ibid., p. 33. Outre ses enfants, je ne lui connaîtrai que deux ennemis les mites et les épinards. Je ne crois rien pouvoir ajouter à ce tableau, sinon qu’elle avait de larges mains et de larges pieds, dont elle savait se servir » ibid., p. 24. Même le projet tragique de tuer la mère devient comique Je ne m’interrogeais pas sur l’énormité du crime, aussi naturel à nos yeux que la destruction des taupes ou la noyade d’un rat… » ibid., p. 126. 30 Chez l’écrivain Bazin, l’humour est donc un procédé stylistique utile à la mise à distance du thème de son récit. L’humour, au sens restreint retenu par Freud, consiste à présenter une situation vécue comme traumatisante de manière à en dégager les aspects plaisants, ironiques, insolites. C’est dans ce cas seulement l’humour appliqué à soi-même qu’il peut être considéré comme un mécanisme de défense » Ionescu, 2006 [1997], p. 183. L’humour permet, selon Freud, l’économie d’une dépense de sentiment. Chez Bazin il participe à la mise en place du monde interne du narrateur, un monde nourri de haine, de révolte, de dérision. Pour autant cet humour lui permet d’exprimer et de révéler sa souffrance passée et présente, et cela d’une façon infiniment plus pudique qu’en recourant à la plainte. Le récit au ton caustique est une analyse cruelle et cynique des liens familiaux du milieu bourgeois de l’écrivain. On peut dire du narrateur Bazin-Brasse-Bouillon qu’il sourit au milieu des larmes. Cette formulation pourrait s’apparenter à l’oxymoron association de deux termes antinomiques, figure de rhétorique évoquée par Cyrulnik 1999. L’oxymoron illustre bien la résilience et nous rappelle Semprun quand il évoque entretien avec M. Huelin, 1998 l’échange de poèmes dans les camps, pour survivre psychiquement » dans une juxtaposition de l’horreur et de la poésie en quelque sorte. 31 La métaphore du serpent qui constitue l’incipit du récit sera souvent réutilisée quand Jean parlera du regard maternel, dans lequel il retrouve le même éclat que dans celui de sa vipère d’enfance, qu’il identifie comme de la haine. Cet incipit est stratégique, il capte l’attention du lecteur et fait émerger les premiers éléments signifiants de l’univers que l’on va découvrir. La référence au reptile servira de fil rouge tout au long du récit. Nous comprenons que la référence à Hercule et à la vipère rapproche les personnages principaux de deux figures plus monstrueuses qu’humaines. 32 Je rapprochai la vipère de mon nez, très près, tout près… elle avait de jolis yeux, vous savez cette vipère […] des yeux de topaze brûlée piqués noir au centre et tout pétillants d’une lumière que je saurais plus tard s’appeler la haine et que je retrouverais dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère… » Bazin, 1972 [1948], p. 6. “Folcoche ! Regarde-moi donc, Folcoche ! Je te cause !” Alors ton regard se lève de dessus tes nouilles à l’eau, ton regard se lève comme une vipère et se balance, indécis, cherchant l’endroit faible qui n’existe pas. Non, tu ne mordras pas Folcoche ! Les vipères ça me connaît. Je m’en fous des vipères. […] Moi, je ne t’aime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh ! Tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi je ne baisserai pas les yeux. […] Tu vois que je suis toujours en face de toi, mon regard tendu vers ta vipère de regard à toi, tendu comme une main et serrant, serrant tout doucement, serrant jusqu’à ce qu’elle en crève. Hélas ! Pure illusion d’optique. Façon de parler. Tu ne crèveras pas. Tu siffleras encore… » ibid., p. 53-54. Et enfin, en conclusion du récit Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu’il te plaise de lui donner haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m’avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing » ibid., p. 186. Les métaphores animales, pour décrire la mère, signent l’impossibilité pour le narrateur de la présenter comme un être totalement humain, Folcoche est un mot-valise amalgamant un mélange quasi monstrueux de folle et de cochonne, plus tard Bazin précisera qu’une Folcoche pour un fermier, c’est la truie qui, mettant bas, dévore aussitôt ses petits » Lamy, 1992. p. 69. La métaphore, en tant que traduction symbolique, est un procédé utile à exprimer l’irreprésentable, surtout quand il s’agit d’évoquer la figure maternelle dans un rôle de bourreau. Chez Renard le Toiton » dans Poil de Carotte Mme Lepic est métaphorisée en araignée et l’enfant en moucheron. L’extrait suivant illustre la terreur sidérante ressentie à l’approche de cette mère tentaculaire qui enferme sa proie dans une toile Au plafond, un moucheron s’est pris dans une toile d’araignée, vibre et se débat. Et l’araignée glisse le long d’un fil. Son ventre a la blancheur d’une mie de pain. Elle reste un instant suspendue, pelotonnée. Poil de Carotte, sur la pointe des fesses, la guette, aspire au dénouement, et quand l’araignée tragique fonce, ferme l’étoile de ses pattes, étreint la proie à manger, il se dresse debout, passionné, comme s’il voulait sa part. Rien de plus. L’araignée remonte. Poil de Carotte se rassied, retourne en lui, en son âme de lièvre où il fait noir » Renard, 2003 [1894], p. 107. Le style ici est percutant, les phrases sont courtes et laconiques. Le pronom personnel je », le je qui engage, n’est jamais utilisé par Poil de Carotte réduit dans ce passage à un insecte pris au piège. On sait que Renard parle de lui en parlant de Poil de Carotte et, comme dans un effet de miroir puisqu’en fait c’est son histoire, il se regarde en train de se regarder. Cette mise à distance stylistique dans la non-utilisation du je est d’ailleurs retrouvée dans une étude menée à Toulon des récits de patients ayant subi des maltraitances Perrin linguiste, sur des travaux de Cyrulnik, Delage, Blein, Dupays, 2008. Conclusion 33 Dans les œuvres analysées ci-dessus, il apparaît que la narration a pu contribuer pour leurs auteurs au dégagement partiel de l’expérience traumatique sublimation littéraire réussie chez Bazin. Mais le processus de narration n’est pas toujours suffisant ; les actes suicidaires réussi chez Levi, manqué chez Renard pourraient s’expliquer, partiellement, par l’absence de liens, et même d’empreinte de liens suffisamment solides pour tenir accroché à la vie. 34 Il ne s’agira pas évidemment pour le thérapeute utilisant ce médiateur de faire dire » à tout prix. Ce qui reste visé est la figurabilité du trauma, permettant ensuite une mise en partage émotionnel autour de cette blessure. L’écrivain est d’abord le narrateur et son propre auditeur à la fois, ce faisant son activité narrative soutient le travail psychique de mentalisation, c’est-à-dire une mise en représentation désormais communicable et partageable avec autrui. 35 Laissons les derniers mots aux écrivains 36 Le besoin de raconter aux autres, de faire participer les autres, avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c’est pour répondre à un tel besoin que j’ai écrit mon livre. C’est avant tout en vue d’une libération intérieure » Levi cité par Levallois, dans Chiantaretto et coll., p. 25. 37 On a souvent assimilé l’œuvre littéraire à une délivrance. Sans insister sur ce qu’a de fâcheux, d’obstétrical, cette comparaison, je la trouve exacte. Un auteur porte en lui-même un livre… Il faut qu’il s’en débarrasse. Il y a, dans la production de ce livre, quelque chose d’obligatoire, d’inévitable […] Donc, j’avais porté longtemps, fort longtemps, Poil de Carotte et je m’en étais délivré par un livre. J’allais mieux, pas tout à fait bien pourtant… Il me restait encore du Poil de Carotte il m’en reste encore d’ailleurs, il m’en restera toujours, car il y a – est-ce un avantage ou une infériorité ? – il y a l’homme d’un seul livre, comme il y a l’homme d’une seule femme. 38 […] Le bonheur ne peut être complet que dans la famille. Seulement, si ce n’est pas difficile à planter, une famille, c’est très difficile à cultiver » Renard, Conférence de Nevers, 1904. Notes [1] Article reçu par la rédaction le 16 juin 2009, accepté le 16 octobre. La narration pour se dégager du traumatisme ? Exemples cliniques en littérature Utilité d’écrire sa maltraitance ? Vipère au poing , l’écrit d’une maltraitance Qu’est devenu Brasse-Bouillon ? Commentaire, analyse du narratif Conclusion BIBLIOGRAPHIE ANGELINO, I. 1997. L’enfant, la famille et la maltraitance, Paris, Dunod. BAZIN, H. 1948. Vipère au poing, Livre de Poche, 1972. BELLEMIN-NOËL, Psychanalyse et littérature, Paris, PUF. BOWLBY, Attachement, séparation, perte, Paris, PUF. CHIANTARETTO, ; CLANCIER, A. ; ROCHE, A. sous la direction de. 2005. Autobiographie, journal intime et psychanalyse, Paris, Économica. CYRULNIK, B. 1999. Un merveilleux malheur, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2001. Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2004. Parler d’amour au bord du gouffre, Paris, Odile Jacob. DELAGE, M. 2008. La résilience familiale, Paris, Odile Jacob. DUPAYS-GUIEU, A. 2002. L’attachement à l’épreuve de la séparation », DEA de psychopathologie, Lyon 2. FRANK, A. 1942-1944 [1947]. Journal, Calmann-Lévy. GELAS, B. 2002. Communication, séminaire DEA, université Lyon 2. GUÉDENEY, A. 1999. Les déterminants de la résilience », dans B. 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Annie Dupays-Guieu Psychologue clinicienne Thérapeute familiale à l’association Vivre en famille AVEF La Seyne-sur-Mer 83 vallonbh Fiche identité Titre du livre Vipère au poing Auteur Hervé Bazin Nombre de pages 255 Édition Le livre de poche Résumé Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon, mène une vie tranquille à la campagne, dans la commune du Soledot en Maine-et-Loire, avec son frère aîné Ferdinand. Celle-ci va basculer lorsque sa grand-mère meurt et que ses parents reviennent de Chine pour continuer leur éducation. Il sera confronté à une mère autoritaire, violente et odieuse. Avis Un jour, mon copain m’a parlé de ce livre et m’a confié qu’il l’avait lu. Malheureusement, sa mémoire lui fait défaut et il ne se souvient plus de l’histoire. Etonnée de cet oubli volontaire ou non, j’ai décidé de le lire afin de me faire ma propre opinion. Des les premières lignes, le style d’écriture ne m’a pas plu les phrases sont courtes et hachées. Le niveau de détail est dense, accentué par l’utilisation de mots compliqués et de descriptions plates. Parfois, l’auteur sombre dans un cynisme presque dérangeant. L’atmosphère du livre, dans le premier chapitre, est étrange, même si la suite l’est beaucoup moins. Nous sommes dans une famille de bourgeois de campagne durant l’année 1922. Dès son retour de Chine, Mme Rezeau s’empresse d’affirmer son autorité devant ses enfants un rythme de vie très stricte ponctué par des leçons de morale, de brefs récréations et des punitions corporelles en tout genre. Si au début, elle paraissait sévère, cette mère de famille dévoile de plus en plus son caractère odieux et cruel les fourchettes plantées dans les jointures de doigt à table, les coups de fouet assénés jusqu’à l’épuisement, les taloches et autres brimades presque inimaginables de nos jours sans compter les confessions publiques des péchés à genoux le soir en famille. En plus, leur père, un homme effacé et soumis, se réfugie dans ses recherches scientifiques et n’intervient que très rarement dans leur éducation. Tout le livre suinte de cette haine, de ce mépris et de cette peur que Jean a envers sa mère au point de tenter de la tuer. La violence est omniprésente et crée un malaise comment une femme peut-elle détester autant ses propres enfants ? Pourquoi se comporte-t-elle ainsi ? Et même, comment autant de haine peut exister au sein d’une famille ? De toute ma vie, je n’ai jamais rencontrée une personne aussi inhumaine, pétrie de méchanceté et de cruauté, et je tremble en pensant que cette histoire est en partie autobiographique. On découvre également la place de chaque catégorie sociale à cette époque la famille Rezeau, imbue d’elle-même, s’appuie sur les exploits de son passé pour justifier sa réputation et considère avec condescendance et mépris les paysans, métayers et autres gens du peuple. J’ai mis uniquement trois coeurs car tous ses sentiments laissent un goût amer dans la bouche. La fin présage un triste avenir pour le personnage principal éduqué dans la haine et la méfiance, il emportera ce lourd bagage dans sa vie et sait qu’il ne pourra pas s’en défaire. A lire, oui mais ne pas hésiter à avoir un livre plus gai à côté de soi au cas où toute cette souffrance vous affecte trop !

résumé vipère au poing chapitre par chapitre